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Le quatrième obstacle à la pratique de la méditation pleine conscience après le plaisir des sens, la colère et la torpeur est l’agitation qui est une forme d’inquiétude.

Qu’est-ce que l’agitation ?

L’agitation se manifeste par le fait de se tracasser au sujet de choses passées, par la préoccupation du futur et par une envie de “faire des choses”.

Et comme les chercheurs estiment que l’esprit humain produirait en moyenne 60.000 pensées par jour on comprend vite, avec la pratique de la méditation, d’une part, que beaucoup d’entre elles ne sont pas nouvelles et, d’autre part, qu’elles constituent le miroir dans lequel nous croyons percevoir la réalité.

Ainsi, si l’essentiel de nos pensées est sombre, c’est ainsi que le monde nous apparaitra : nous dirons que le monde extérieur EST sombre alors qu’il n’est que le reflet de notre état intérieur.

Car nos pensées sont organisées autour d’un véritable “syndicat du drame personnel” qui réunit toute une bandes de penseurs compulsifs qui se droguent à grandes doses d’agitation. Si, si, si…

Il y a, par exemple, un agité du bocal, un juge intransigeant, un despote illuminé, un sorcier psycho-rigide, un lâche manipulateur, un casseur malhonnête, un imbécile brutal, un rebelle grossier, un mercenaire sans foi ni loi et un “rageux” blessant. 😀 Chaque opposé complémentaire existe également en chacun de nous, créant ainsi tous les contrastes de notre personnalité.

Ce sont, en fait, autant de parties de nous, de nos ombres et de notre dualité, que nous pouvons/devons apprendre à reconnaître et à accepter avant peut-être, un jour, de les aimer inconditionnellement ; et cela demande une longue pratique. Peut-être même, selon certaines traditions, plusieurs vies…

L’agitation obscurcit l’esprit

En attendant que ce processus alchimique fasse son œuvre, toutes ces parties de nous, soumises à une folle agitation, produisent des pensées répétitives qui obscurcissent la clarté de notre esprit en générant, par exemple : de la peur, du jugement, du rejet, de l’hostilité, de l’attachement ou de la justification de nos propres points de vue.

Et beaucoup d’entre nous adorent râler ou parler en boucle de leurs problèmes sans réaliser que tout cela nous entretient dans l’illusion. Comment? Simplement en auto-générant – inconsciemment et de façon persistante – de la souffrance pour nous-mêmes et pour autrui.

Tant que l’esprit n’est pas bien attentif à l’objet de sa méditation – la respiration par exemple – il peut manifester une sorte d’ennui voire de lassitude pour la pratique en produisant de l’agitation à travers toutes ces pensées parasitantes. Perturbé par l’invitation au “mode être”, il cherche désespérément à s’accrocher au “mode faire” afin de compenser sa peur de ne plus exister dans l’être.

Il tente alors de se divertir en générant toutes sortes de souvenirs ou de projets qui font penser à un “zapping télévisuel” incessant et frénétique: l’esprit cherche à s’occuper lui-même en trouvant une tâche à accomplir et il le fait en ressassant des tonnes de choses.

Ces pensées répétitives peuvent par exemple concerner l’argent, une situation conflictuelle ou l’organisation d’un événement futur. Cette agitation intérieure est telle, qu’elle peut même provoquer des sensations physiques de fourmillement, de démangeaison ou de malaise.

Mais, dès qu’il s’agite, l’esprit devient incapable de rester fixé sur l’objet de sa pratique. Ce dernier, l’attention à la respiration par exemple, disparaît derrière un nuage opaque de productions mentales. L’esprit s’obscurcit comme un ciel chargé de nuages qui masquent la lumière du soleil. C’est aussi un peu comme lorsqu’on laisse un morceau de fruit sur la nappe du pique-nique: si on permet à une guêpe d’y goûter, on se retrouve très vite envahit de guêpes.

De la même manière, si nous commençons à prêter attention au discours de l’un des membres du Syndicat du Drame Personnel, nous invitons à la table tous les autres membres avec leurs essaims d’inquiétudes. Et cela produit de l’agitation autour de la table n’est-ce pas ? Il m’est même arrivé de devoir plier bagages en vitesse, tellement les guêpes étaient nombreuses à s’inviter, pour éviter qu’un de mes enfants se fassent piquer. 😀

L’agitation c’est cet état mental, d’égarement, qui amène l’esprit à vagabonder dans les couloirs du temps, entre le passé et l’avenir. Nous rebondissons entre la peur et l’espoir, comme des balles de tennis : nous avons peur d’avoir manqué quelque chose et nous espérons que ce qui vient sera mieux que ce que l’instant présent a à nous offrir.

Cet état mental s’accroche le plus souvent à des pensées qui génèrent des sentiments désagréables avec cette fausse perception qu’il n’est pas possible de continuer à pratiquer tant que le problème qui surgit n’est pas réglé.

Nous pouvons alors, par exemple, nous observer en train de réfléchir à la façon dont nous aurions du réagir dans telle situation passée, à élaborer des listes de choses à faire pour gérer les tâches à venir ou à compter impatiemment chaque seconde qui passe en espérant la fin très proche de la pratique.

Sur certains sujets, ces états passagers – que nous connaissons tous et qui sont parfaitement normal – peuvent même se transformer en inquiétude. Il s’agit alors plutôt d’une forme d’état persistant de regret pour des circonstances passées ou de rumination pour des situations à venir.

L’immobilité du corps révèle l’agitation de l’esprit

Toute cette agitation est favorisée par l’état de calme induit par la pratique formelle – c’est-à-dire assise – de la méditation pleine conscience.

Lorsque l’activité corporelle est réduite au minimum et que l’esprit n’est plus absorbé dans toutes sortes de choses à faire, les regrets et la culpabilité liés à des situations, mêmes très anciennes, remontent pour ainsi dire à la surface de la conscience.

C’est aussi pour cette raison que la pratique seule de la méditation – sans attitude vertueuse au quotidien – ne reste qu’un vaste champ d’obstacles.

Autrement dit, si le comportement du pratiquant manque d’intégrité dans sa vie personnelle, familiale, professionnelle ou sociale, il se prépare à vivre des pratiques méditatives dans lesquelles se manifesteront forcément tous ses écarts, par une myriade de pensées parasites : “qui sème le vent récolte la tempête” dit le proverbe ou, si vous préférez, “qui n’agit pas avec intégrité est sacrément agité du bocal“. 😉

Heureusement, comme pour un ouvrier qui dispose de toutes sortes d’outils pour accomplir son travail, le méditant dispose de toutes sortes d’astuces pour “contourner” cet obstacle de l’agitation qui attire toute son attention vers des objets ou des sujets extérieurs.

Mais pour commencer, il est utile de se souvenir que l’esprit est prompt à se saisir de n’importe quelle occasion pour abandonner son objet d’attention. Cette compréhension de la nature de l’esprit étant (re)connue, nous pouvons décider d’arrêter toute cette agitation à chaque instant car, où que nous soyons, nous avons le choix:

  1. de prendre deux ou trois grandes inspirations conscientes,
  2. de ressentir attentivement notre corps à l’aide de nos sens,
  3. d’ouvrir notre cœur sans porter de jugement…
  4. … et de rester en dehors de cette histoire sans fin que produit notre cinéaste mental, avec l’aide du Syndicat des Drames Personnels et dans lequel nous sommes aussi, sachons-le, acteur et spectateur.

En entretenant une ferme volonté de demeurer à notre pratique, sans bouger d’un iota, nous découvrons que l’agitation mentale – lorsqu’elle est reconnue – est un phénomène comme un autre, qui finit par s’estomper avant de disparaitre.

En ramenant simplement notre attention à l’objet de la pratique – par exemple notre respiration – sans saisir ni rejeter aucune des pensées liées à l’agitation, nous renonçons simplement à nourrir l’inquiétude.

Et, petit à petit, même lorsque la pratique sera terminée, nous reconnaitrons la façon dont l’agitation se manifeste dans nos vies ; sans plus l’entretenir par un comportement inadéquat. Un grand pas aura alors été franchi sur le chemin.

Je vous retrouve demain pour le 5ème obstacle à la pratique : le doute.

 

Jean-Marc Terrel
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